Parlons du SYNDROME DE L’IMPOSTEUR!
Et, pour ce faire, j’aimerais faire un parallèle avec l’EFFET DUNNING-KRUGER, qui pour moi, va tellement bien avec le syndrome de l’imposteur, et pourtant, il est peu souvent mentionné en ces termes…
Parlons du SYNDROME DE L’IMPOSTEUR!
Et, pour ce faire, j’aimerais faire un parallèle avec l’EFFET DUNNING-KRUGER, qui pour moi, va tellement bien avec le syndrome de l’imposteur, et pourtant, il est peu souvent mentionné en ces termes…
Le terme du « syndrome de l’imposteur » existe en psychologie depuis 1978 et décrit l’état de certaines personnes à rejeter le mérite qui leur est dû — ils l’attribuent à la chance, des personnes ou des facteurs extérieurs, autres que leur propre compétence, leur propre talent, leur propre savoir-faire. C’est l’état contraire du narcissisme. Sa source profonde est un manque d’estime de soi et/ou de confiance en soi.
Les statistiques indiquent que 60 à 70% des personnes, à un moment ou un autre de leur vie ou de leur carrière, douteraient de la légitimité de leur succès. Ils ont l’impression de duper les autres, que leur travail ne méritent pas l’attention ou les récompenses qu’il reçoit. Pour eux, quelqu’un finira par les démasquer et les remettre à leur place.
Pour certains, le syndrome de l’imposteur peut devenir envahissant et même invalidant. Doutes, honte toxique, culpabilité — ou, encore plus paradoxal, peur de réussir — ils sont incapables de vivre le plein potentiel.
Certains utiliseront le “overdoing” comme stratégie de défense: investir une grande énergie à parfaire leur travail, se sur-préparer, faire des études sans fin, parfois jusqu’à être incapable de compléter quoi que ce soit (puisqu’ils croient que ce qu’ils font n’est jamais suffisant)… L’autre stratégie est le “underdoing”: se préparer pour l’échec, parfois même avec de l’auto-sabotage: « Je ne serai jamais à la hauteur, alors à quoi bon le faire? »
Dans les deux cas, ces stratégies maintiennent la personne dans son syndrome.
Pour bien illustrer, Neil Gaiman (auteur de “Neverwhere”, “American Gods”, “Coraline”, “The Graveyard book” (”L’Étrange Vie de Nobody Owens”) et “The Ocean at the End of the Lane” (”L’Océan au bout du chemin”), pour ne nommer que quelques-uns), a déjà écrit ces lignes:
« Il y a quelques années, j’ai eu la chance d’être invité à un rassemblement de gens formidables et doués: des artistes et des scientifiques, des écrivains et des découvreurs de choses. Et je sentais qu’à tout moment, ils se rendraient compte que je n’avais pas les qualités requises pour être là, parmi ces gens qui avaient vraiment fait des choses.
Le deuxième ou troisième soir, j’étais au fond de la salle lors qu’un spectacle de musique, et j’ai commencé à parler avec un homme aîné très gentil, poli, à propos de plusieurs sujets, dont notre prénom commun. Puis il a montré la salle et m’a dit: « Je regarde tous ces gens et je me demande ce que je fais ici. Ils ont fait des choses incroyables. Moi, je suis juste allé là où l’on m’a envoyé ».
Et je lui ai dit: « Oui. Mais vous étiez le premier homme sur la lune. Je pense que ça compte pour quelque chose ».
Et je me suis senti un peu mieux. Parce que si Neil Armstrong se sentait comme un imposteur, peut-être c’était le cas de tout le monde. Peut-être qu’il n’y avait pas d’adultes, seulement des gens qui ont travaillés dur, et qui ont aussi eu de la chance, et qui étaient un peu dépassés, nous tous faisant du mieux que l’on peut, ce qui est tout ce que nous pouvons vraiment espérer. »
(Référence: http://journal.neilgaiman.com/2012/08/neil-armstrong.html)
Les résultats d’une série d’expériences psychologiques ont été publiés fin-1999; ce principe est, me semble, moins connu que le premier.
Il s’agit d’un biais cognitif où les moins qualifiés pour une tâche donnée, surestiment leur compétence pour accomplir ladite tâche. Ils restent incapables de reconnaître leur incompétence, ni reconnaître la compétence des gens qui l’ont. Il a été démontré que lorsque ces personnes reçoivent une formation pour améliorer de façon significative leur compétence, elles sont alors en mesure de reconnaître et accepter leur incompétence de départ.
(Il est à noter que les études ont un biais culturel fort probable, puisqu’elles ont été réalisées sur des Occidentaux).
A-t-on besoin d’exemples ici? N’a-t-on tous pas déjà été témoin d’une personne à la caisse, qui insulte la caissière de ne pas savoir faire son travail? (Alors que la plupart des gérants de ces commerces, eux-mêmes, n’osent pas toucher la caisse, parce que ce n’est pas si simple qu’il n’en a l’air). Les exemples sont nombreux et très variés; je vais m’abstenir d’en donner plus, puisqu’il est si facile de tomber dans la moquerie…
Le principe de l’effet Dunning-Kruger vient avec l’idée que plus une personne étudie un sujet d’incompétence, et plus elle sombre dans le doute et la réalisation qu’elle n’y connaît finalement rien… avant de remonter la pente. Que les connaissances approfondies ramènent la confiance de la personne envers ses capacités à exercer cette compétence.
Ce graphique l’illustre bien:
On fait en général référence à l’effet Dunning-Kruger pour désigner (reprenons l’expression de Darwin) « l’ignorance engendre plus fréquemment la confiance de soi que ne le fait la connaissance ».
Mais pour ma part (et en étant toujours en syndrome de l’intrus peu importe ce que je fais), c’est le CREUX DE LA COURBE de l’effet Dunning-Kruger, qui m’a d’abord frappé.
Je pense que les personnes qui souffrent du syndrome de l’intrus, sont juste assez compétentes et connaissantes pour réaliser qu’il y a encore tant à apprendre. Ils reconnaissent leur statut d’apprenti, ils mettent encore leurs mentors sur un piédestal et ils se sentent encore si petits devant ceux-ci.
Alors, pour tous les gens affectés par le syndrome de l’intrus (et j’en connais PLEINS!), je vous rassure:
1) Même Neil Gaiman et Neil Armstrong ont fait partie du club, malgré leurs grands accomplissements;
2) Cela signifie qu’après une période sombre au fond du gouffre, si vous persistez à apprendre, à vous instruire auprès de mentors bienveillants et que vous êtes assidus à l’épanouissement de votre compétence, la pente remonte éventuellement;
3) Et si vous remarquez bien, même au niveau expert, on ne revient jamais au niveau de confiance du point de l’ignorance absolue. En gros, on est 100% confiant que lorsqu’on n’a aucune idée de ce qui nous attend. Avoir un léger doute devient, à mon avis, bénéfique: ça nous permet de nous remettre en question et de continuer de progresser!
Eh vous, souffrez-vous (ou, avez-vous déjà souffert) du syndrome de l’imposteur? Qu’en pensez-vous?